Créer une maison partagée : une nouvelle façon d’habiter pour les personnes âgées #
Définir le projet : valeurs, objectifs et public visé #
Tout projet de maison partagée pour personnes âgées débute par la clarification de ses valeurs fondatrices. Nous mettons l’accent sur l’entraide mutuelle, le respect de la vie privée, la convivialité et la sécurité permanente comme fils conducteurs. Le positionnement du lieu est déterminant : souhaitez-vous accueillir des seniors autonomes, comme c’est le cas dans la plupart des maisons partagées classiques, ou bien des personnes en perte d’autonomie nécessitant la présence continue d’assistants de vie ? L’expérience d’acteurs tels qu’Ages & Vie montre que les maisons dédiées à 6 à 8 résidents fragiles, mais mobiles, trouvent leur équilibre là où le collectif et l’attention individualisée se rejoignent.
- Définir le degré d’autonomie requis, en s’inspirant des typologies d’habitats répertoriées par la Fédération des Maisons Partagées Séniors : habitat partagé classique, accompagné ou intergénérationnel.
- Choisir un public cible (plus de 65 ans, personnes isolées, couples, etc.) et anticiper les besoins futurs liés à la dépendance progressive.
- Élaborer un projet social clair : quels services souhaitez-vous proposer ? Quelle sera la place des familles, de la vie associative, et des professionnels ?
Les initiatives les plus pérennes, à l’image du réseau Maisons Marguerite, ont bâti leur notoriété sur l’exigence d’une charte éthique : engagement de non-lucrativité excessive, qualité d’accompagnement, attention à la taille humaine de la structure. L’objectif reste d’offrir un lieu de vie et de partage où chaque résident se sent chez lui, sans être isolé.
Créer un cadre de vie adapté et sécurisant #
Le succès d’une maison partagée repose fortement sur la qualité architecturale et l’adaptation des espaces. Les meilleurs projets allient personnalisation des chambres, intimité, et grands espaces communs lumineux. À titre d’exemple, la majorité des maisons Ages & Vie disposent de chambres de 20 à 25 m² avec sanitaires privatifs et accès direct à une pièce de vie collective ouvrant sur un petit jardin. Cette configuration permet de préserver l’intimité tout en encourageant la vie sociale.
- Espaces privatifs personnalisables : chaque résident peut aménager sa chambre à son goût, y installer des objets personnels, des meubles, recréant un véritable « chez-soi ».
- Espaces communs conviviaux : salon, salle à manger, cuisine ouverte, terrasse ou potager partagé renforcent la cohésion du groupe.
- Accessibilité totale : rampes, portes larges, absence de marches, éclairage ergonomique, volets automatisés, signalétique claire.
- Équipements de sécurité : salles de bains adaptées (douches à l’italienne, barres d’appui), systèmes d’alarme et de téléassistance, cuisine sécurisée.
Nous sommes convaincus que la conjugaison de l’autonomie et de la sécurité libère les résidents de la peur de la chute ou de l’accident domestique. Cela faciliterait aussi l’intervention de professionnels de santé externes, tout en rendant le lieu agréable pour les visites des familles, souvent perçues comme un atout majeur par les proches.
Composer une vie sociale riche et respectueuse #
La dimension collective des maisons partagées s’exprime au cœur de la vie quotidienne, bien au-delà du simple partage d’un toit. Selon le modèle développé par Plusieurs structures, chaque maison anime un programme adapté aux profils et à la dynamique du groupe. Les résidents participent, de façon volontaire, à la vie collective, ce qui stimule leur autonomie, soutient leur estime de soi et favorise une ambiance détendue.
- Préparation des repas collectifs et partagés, favorisant l’entraide et l’apprentissage de nouvelles recettes.
- Activités régulières : ateliers créatifs, jardinage, promenades organisées, jeux de société, ateliers mémoire.
- Participation modulée : chacun s’implique à la hauteur de ses envies et capacités sans contrainte excessive.
- Temps d’échanges intergénérationnels, à l’image de certaines maisons ouvertes à des jeunes en service civique ou à des animations scolaires.
Le bien-être des résidents est renforcé par la présence continue d’un référent, chargé de fluidifier les relations, d’anticiper les conflits, d’accompagner la gouvernance participative des lieux. Nous constatons que la dynamique collective rassure les familles, qui apprécient tout particulièrement l’absence de routine institutionnelle et la chaleur du quotidien partagé.
Encadrer et professionnaliser l’accompagnement #
La qualité de l’accompagnement offert aux résidents est un axe fondamental. Chaque maison partagée s’appuie sur une équipe d’auxiliaires de vie ou d’animateurs présents en permanence, adaptant leur intervention aux besoins réels des habitants. Ce choix de professionnalisation se retrouve dans les structures les plus abouties, qui misent sur la stabilité et la formation de leur personnel.
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- Aide à la toilette, à l’habillage, gestion des rendez-vous médicaux, préparation des traitements.
- Accompagnement personnalisé selon le degré de perte d’autonomie : certaines maisons travaillent en étroite collaboration avec des infirmiers, kinésithérapeutes ou ergothérapeutes intervenant chaque semaine.
- Sensibilisation du personnel à la bientraitance, à la gestion des situations d’urgence et à la communication non violente.
- Formation continue aux spécificités du vieillissement, aux pathologies fréquentes (Alzheimer, Parkinson, troubles cognitifs).
Le recrutement de profils expérimentés, motivés par l’accompagnement humain et désireux de s’inscrire dans la durée, structure la réputation de ce type de projets. L’intégration d’un référent de vie, pivot du collectif, permet une gestion souple des situations délicates et assure la cohésion de la maisonnée. Cette professionnalisation améliore la qualité de vie des résidents, tout en déchargeant les familles, qui n’ont plus à assumer seules le suivi quotidien.
Montage juridique, financier et partenarial #
Le montage opérationnel d’une maison partagée exige un solide cadrage juridique et une stratégie de financement réfléchie. Les expériences menées en France révèlent une variété de statuts : association loi 1901, société civile immobilière d’attribution (SCIA), société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Le choix du statut influence la gouvernance, la capacité à recueillir des subventions, et la relation avec les résidents.
- Structure associative : privilégie l’ancrage local, la gouvernance démocratique et l’implication citoyenne (ex : les projets portés par des collectifs de familles ou des réseaux comme Cette Famille).
- Société commerciale à but social ou coopératif : facilite la collecte de fonds privée, l’investissement immobilier et la rémunération des professionnels (ex : Ages & Vie, Maisons Marguerite).
- Montages mixtes avec intervention de bailleurs sociaux ou de collectivités territoriales.
Le financement repose sur un équilibre complexe : participation des résidents (loyers compris entre 1000 € et 1600 € mensuels selon les régions et le niveau de service), allocation personnalisée d’autonomie (APA), aides au logement, implication des familles, soutien des conseils départementaux. En Nouvelle-Aquitaine, des partenaires comme la CARSAT, la MSA ou des caisses de retraite mutualisent leurs efforts pour accompagner le développement de ces solutions inclusives.
- Accès aux aides publiques : APA, Aide à la vie partagée, allocation logement social.
- Partenariats avec des réseaux de santé, des services d’aide à domicile et des associations locales (clubs seniors, hôpitaux de proximité).
Un modèle économique robuste nécessite une gestion rigoureuse des charges (personnel, entretien, alimentation, animations) et une mutualisation optimale des ressources. Les structures qui réussissent le mieux s’appuient sur un réseau de partenaires diversifiés, ce qui garantit leur stabilité sur le long terme.
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S’intégrer dans un territoire : ancrage et rayonnement local #
La maison partagée ne se limite pas à l’intérieur de ses murs : elle s’ancre dans son environnement immédiat, devenant un véritable acteur local. À Rennes, une maison intergénérationnelle implique les écoles voisines et les associations de quartier dans l’organisation d’ateliers et de temps festifs. À Lyon, le jardin partagé de la résidence Les Marronniers accueille chaque semaine des familles du voisinage, renforçant l’image positive de la vieillesse.
- Organisation régulière d’événements ouverts : goûters, concerts, marchés solidaires, expositions d’art réalisées par les résidents.
- Ouverture du jardin ou de la salle commune aux associations locales, écoles, et groupes de parole.
- Implication dans la vie associative : jardinage collectif, ateliers cuisine, soutien scolaire intergénérationnel.
Ce rayonnement local favorise l’inclusion des aînés, alimente la solidarité intergénérationnelle et participe à la lutte contre l’âgisme. Nous avons pu constater que ces échanges disséminent une nouvelle image du vieillissement, où chaque aîné conserve sa place dans la cité. Les maisons partagées deviennent alors moteurs de projets collectifs et laboratoires de l’habitat senior du futur.
Plan de l'article
- Créer une maison partagée : une nouvelle façon d’habiter pour les personnes âgées
- Définir le projet : valeurs, objectifs et public visé
- Créer un cadre de vie adapté et sécurisant
- Composer une vie sociale riche et respectueuse
- Encadrer et professionnaliser l’accompagnement
- Montage juridique, financier et partenarial
- S’intégrer dans un territoire : ancrage et rayonnement local